Arnaud Pont, agriculteur bio à Chaponost

27 Oct 2022

Arnaud Pont, producteur bio

Interview d’Arnaud Pont, à la tête de l’exploitation agricole bio, Les Jardins du Pont de Chêne, à Chaponost

 

Cet interview démarre une série d’interviews d’acteur.trices de l’alimentation locale et durable (mon dada !). 

Depuis février 2020, Arnaud Pont est à la tête d’une exploitation agricole bio située à Chaponost, dans l’Ouest lyonnais : les Jardins du Pont de Chêne. Il y a quelques jours, il a organisé ses Portes ouvertes. Imaginez une belle journée d’octobre, un grand soleil doux. Une fois passée la belle allée de chênes qui mène à la route, on est au milieu des champs. Un esprit un peu guinguette pour cette journée de fête avec sono dans les arbres et buvette tenue par les copains. Et Arnaud, tout en sourire, blondeur et barbe, qui nous fait faire le tour du propriétaire avant de proposer ses légumes à la vente. Quel bonheur de pouvoir vous faire découvrir ce producteur en agroécologie installé à quelques kilomètres de chez moi !

 

Quel est ton parcours professionnel ? Qu’est-ce qui t’a amené à l’agriculture biologique ?

J’ai travaillé pendant plus de dix ans dans l’humanitaire, pour Handicap International. Je suis issu d’une famille d’agriculteurs : mes cousins font de l’agriculture conventionnée dans l’Ain. J’avais envie de me rapprocher de la nature, de travailler dehors. Je me suis formé chez un maraîcher non-mécanisé pendant une année, en Belgique.

J’ai trouvé le terrain grâce à l’ADDEAR (Association Départementale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) du Rhône qui permet de mettre en contact les personnes qui cherchent à transmettre une exploitation et celles qui sont porteuses de projet et en cherchent une. J’ai repris l’exploitation de Chaponost à la propriétaire précédente, qui s’était blessée, en février 2020. En 2021, j’ai récupéré une friche adjacente. Et pour cette 3e année, j’ai pris un terrain de deux hectares en bail rural de 10 ans.

 

« Je donne le gîte et le couvert aux verts de terre

qui vont à leur tour nourrir le sol, et nourrir mes légumes. »

 

Qu’est-ce que tu cultives et comment ?

Je cultive 5 000 m2 au total. Je produits une cinquantaine de légumes (chou-fleur, épinard, courge, courgette, patate douce, tomate, roquette, mesclun asiatique, céleri rave, oignon, blette, champignon, etc.). 100 % de mes légumes sont bio. Je sélectionne mes légumes sur la base de leurs qualités gustatives et nutritives. 85 % sont issus de semences anciennes, les 15 % restants sont des semences F1. J’ai dû faire ce choix sur certains légumes comme le concombre pour pouvoir en vivre.

Je suis engagé dans une démarche positive pour la planète : j’utilise une technique de maraîchage sol vivant. Je m’inspire du fonctionnement de la nature : j’interviens le moins possible. Je ne retourne pas la terre, ne laboure pas, mais utilise la technique du paillage. Le sol n’est jamais nu : le paillis protège et nourrit les organismes vivants, dont les vers de terre. En se décomposant, il devient du humus qui fournit des éléments nutritifs au sol, des minéraux, du carbone. C’est un cercle vertueux !

Je récolte tout à la main, je ne suis pas mécanisé. A part le fourgon pour effectuer les livraisons et une petite débroussailleuse, je n’ai pas de machine : autant de pollution évitée ! J’ai quelques serres qui me permettent d’étirer ma période de récolte. C’est plus pratique pour la culture des tomates, notamment : je peux les récolter plus tôt, elles ont meilleur goût aussi et j’en ai plus. Je n’utilise évidemment aucun engrais de synthèse : j’ai recours à du purin de prêle, d’ortie, de consoude et de tanaisie. Enfin, je peux réduire l’arrosage grâce au paillis qui réduit l’évaporation de l’eau.

Comment t’organises-tu et vis-tu de ton activité ?

Je travaille en moyenne 45 heures par semaine. Cela dépend de la saison : il y a évidemment plus de travail en été. Je bosse seul avec parfois un ou une stagiaire. J’arrive à prendre six semaines de vacances dans l’année, à Noël et en février-mars. Et je planifie tout ! C’est un vieux réflexe hérité de mon ancienne activité. J’adore planifier ! Je prends des notes, au chaud, chez moi, les jours où il pleut et où je ne peux pas travailler dans les champs. Je note ce que j’ai planté, quand et comment, ce qui a marché et ce qu’il ne faut surtout pas refaire ! Je sais ce que je vais faire chaque semaine et chaque année. En termes de revenus, je tire un peu plus d’un SMIC de mon activité agricole.

« Des légumes qui ont du sens et du goût. »

Quel est ton modèle de vente ?

L’idée est d’être en circuit court et direct. Je vends 90 % de mes produits en vente directe via l’application Cagette.net. Deux rendez-vous sont donnés aux clients, qui constituent eux-mêmes leur panier en ligne (la commande peut s’effectuer jusqu’au matin-même à 7h). Ils me paient quand ils viennent le récupérer sur place le mardi et/ou le vendredi entre 16h et 19h. Pas de déplacements pour moi donc un gain de temps et un dérangement limité : j’adore le contact avec les clients de toute façon ! Je récolte les légumes la veille ou le matin-même : ils sont donc archi-frais ! Les 10 % restants sont vendus à des Biocoop locales en fonction du prix que je retire pour chaque produit.

Quel est ton pire échec depuis 2020 ? Et ta plus grande réussite ? Comment comptes-tu faire face aux problématiques de sécheresse ? Quels sont tes projets pour l’avenir ?

Mon plus grand échec, ce sont les melons, qui se sont fait manger par des rongeurs. Ma plus grande réussite, c’est de réussir à vivre de mon activité. Concernant la sécheresse, je vais continuer le paillage et l’arrosage goutte-à-goutte. Cet été, les légumes comme moi avons beaucoup souffert de la chaleur. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’arbres sur le terrain mais j’ai dû asperger mes serres avec de l’argile afin de créer de l’ombre. Quant à mon projet, ce serait d’avoir un logement, une maison de préférence, à côté de mon exploitation agricole. Ce n’est pas le cas actuellement : j’habite en appartement. Je devrais probablement quitter Chaponost pour mener ce projet à bien.

Les Jardins du Pont de Chêne

Accès et stationnement au 100 route du Pont de Chêne – 69630 Chaponost

Aller sur la page Facebook des Jardins du Pont de Chêne

Commander un panier auprès d’Arnaud via Cagette.net

Voir Arnaud et son exploitation en vidéo sur le site de la Communauté de communes de la Vallée du Garon (dont fait partie la commune de Chaponost aux côtés de Brignais, Millery, Montagny et Vourles )

 

Vous voulez vous aussi vous lancer en agroécologie ?

Les contacts recommandés par Arnaud pour se lancer :

L’ADDEAR (Association Départementale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) du Rhône

AgriBio Rhône & Loire (ex-ARDAB) : association des producteurs biologiques du Rhône et de la Loire

Les chambres d’agriculture

Auxquels j’ajoute :

La FADEAR (Fédération Associative pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) : réseau de l’agriculture paysanne

Les Agron’Hommes et leur Ecole d’Agroécologie Voyageuse

 

3 Commentaires

  1. Évelyne MARCEAU CHRÉTIN

    Bravo le cousin les cousin de Bresse sont fiers de ta réussite

  2. Merci d’avoir installé ce projet qui donne du sens à côté de chez nous ! Merci, Philippe

    Ce que je vois, c’est qu’il faut trouver une maison pour Arnaud pour qu’il reste dans le coin 😉
    Merci d’avoir installé ce projet qui donne du sens à côté de chez nous !
    Merci, Philippe

  3. Anne-Liesse

    On est bien d’accord, Philippe ! Il faut trouver une maison dans le coin à Arnaud. Les maires des communes concernées (Chaponost et alentours) devraient avoir conscience de l’atout que cela représente d’avoir un agriculteur bio sur leurs terres.

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