Inspiration : Cécile Coulon, autrice, poétesse et auvergnate

15 Sep 2021

Poétesse inspirée

Connaissez-vous Cécile Coulon ? Moi, j’avoue qu’il y a quelques jours encore, je n’avais aucune idée de qui c’était ! Interviewée dans la matinale de France Inter, la jeune romancière, qui est aussi poétesse, nouvelliste et éditrice, m’a fait forte impression. Pourquoi ?

A la fois ancrée dans son territoire et présente sur les réseaux

Parce qu’elle ne vit pas à Paris, d’abord, mais en Auvergne, où elle est née (à Saint-Saturnin, dans le Puy-de-Dôme, en 1990) et a suivi des études littéraires. Elle a « besoin de cet espace et de ce temps » que procure la vie plus calme en province, si j’ai bien compris. Ensuite parce qu’elle publie régulièrement sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram). Moi qui ai un rapport ambivalent à ces réseaux (attirance vs. besoin de vide et de distance) et pour qui la régularité de publication constitue un challenge, j’adore l’idée que cette femme partage ses poèmes sans se poser de question – ou, du moins, crée assez de « contenu » pour en avoir à publier et oser le publier si librement et régulièrement.

Je dois pardonner

cette terre

d’être à la fois

ta tombe et mon berceau.

(publié le 11 juin 2021 sur Instagram)

Poétesse et romancière de l’intime

Je découvre ses poèmes sur Instagram (je vous en ai copiés quelques-uns) et n’arrive pas à m’arrêter de les lire. Se dessine le portrait d’une femme sensible, obsédée par l’écriture (je me retrouve !), hyperactive et coureuse à pied aussi. Cécile Coulon a écrit huit romans, le premier publié dès l’âge de 16 ans et deux recueils de poésie. Le dernier roman, Seule en sa demeure, vient de sortir : au cœur d’une forêt jurassienne, Aimée épouse Candre, riche propriétaire terrien, nouvellement veuf. Une histoire de « domination, de passions et d’amours empêchés », selon les Editions de l’Iconoclaste. Le précédent, Une bête au paradis, qui a obtenu le Prix littéraire du Monde, me tente tout autant : il raconte la vie d’une orpheline recueillie par sa grand-mère paysanne et est dépeint comme « le roman fiévreux d’une lignée de femmes envoûtées ».

Vous serez aimé entièrement le jour

où être vu malade, sale, diminué

ne sera plus une honte

mais le début d’une confiance

accordée dans l’incertitude

et la peine, dans la crainte de tout

perdre, et cette confiance-là,

quand elle s’offre et se reçoit,

cette confiance-là soigne tout.

(publié le 17 mars 2021 sur Instagram)

Marathonienne et militante

Cécile Coulon a aussi écrit en 2018 un Petit éloge du running (sa thèse universitaire a porté sur « Le Sport et le corps dans la littérature française contemporaine »). Sa pratique de la course lui est essentielle pour écrire, comme elle l’a expliqué à Ouest France en mai 2020 : « Si je ne pouvais pas avoir une activité cardio, je ne pourrais pas aller au bout du roman. La course me porte, me permet de trier mes idées, corriger, donner plus de muscle au texte, de souffle à ce que j’écris. Quand on est lecteur, on est emporté par le rythme, la musique, la foulée de l’histoire. Ces deux pratiques vont ensemble. » Cet éloge du « cardio » comme soutien à l’écriture – et à la vie – n’est pas nouveau : marcher ou courir permet d’aérer l’esprit, le mouvement appelle l’inspiration, le renouvellement intellectuel. De Thoreau à Sylvain Tesson en passant par ma blogueuse écrivaine préférée, on sait que marcher, au cœur de la nature notamment, est l’un des meilleurs moyens de nourrir sa pratique d’écriture.

Je lis enfin sur sa fiche Wikipédia que l’autrice a déploré lors des Etats généraux du livre de 2018 la paupérisation des artistes auteurs en France : « Parler d’un statut social pour les auteurs, visiblement, ça froisse, ça chiffonne, pourquoi un statut social pour une activité artistique je vous le demande, quand on sait que les meilleures œuvres naissent dans la misère, la sueur et les larmes pourquoi avoir une retraite et une couverture maladie c’est tellement mieux de créer en sachant qu’on est dedans jusqu’au cou » (vous pouvez lire ici l’intégralité de son texte). Une revendication bien légitime. Le succès de librairie ne suffit-il pas à faire (bien) vivre une autrice ? J’en ai bien peur…

Et vous, connaissez-vous Cécile Coulon ? Lequel de ses livres nous recommandez-vous ?

NB : Vous voulez en savoir plus sur Cécile Coulon ? France Culture l’a reçue plusieurs fois.

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